Filière avicole Laurent Fabius: pour l'agriculture aussi, "le libéralisme n'est pas une réponse"

"Ce qu'on est en train de voir à travers ces crises montre que le libéralisme est totalement incapable d'être efficace en matière agricole et qu'on a besoin de l'Etat, que ce soit au niveau national ou au niveau européen", a déclaré à l'AFP M. Fabius. "Quand j'entends de grands défenseurs du libéralisme comme M. Sarkozy dire: voilà ce qu'il faut faire en matière d'agriculture, c'est totalement contradictoire avec les thèses qu'il professe. Ce n'est pas avec une approche libérale qu'on peut résoudre les problèmes", a ajouté le député de Seine-Maritime.

Au salon de l'agriculture jeudi, Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, avait plaidé pour la "préférence communautaire" et relevé la nécessité, du fait des répercussions de la grippe aviaire dans le monde avicole, de "sauver une filière économique qui permet à la France d'exporter". Interrogé sur les propos de Ségolène Royal puis François Hollande qui avaient jugé que le gouvernement était lent à débloquer les aides aux producteurs affectés par l'épidémie, M. Fabius s'est refusé à se "mêler de telle ou telle polémique". "Il faut avoir à l'esprit la sécurité, l'intérêt des agriculteurs et l'intérêt général", a-t-il dit. "Ce qu'il faut, c'est qu'on indemnise correctement et rapidement les agriculteurs concernés avec, sur tous ces problèmes, a insisté le dirigeant socialiste, le sens de l'intérêt général".

Dans la gestion de l'épidémie, a-t-il affirmé, "il faut que les responsables gardent la tête froide". "Interdire le poulet à la cantine, c'est ridicule", a-t-il dit après qu'un maire du Val d'Oise eut pris une telle mesure pour les écoles de sa commune, car cela "aggrave la crise". "Il faut veiller à la sécurité de manière absolue et en même temps apporter tout son soutien à la filière", a résumé l'ex-Premier ministre.

M. Fabius s'est entretenu pendant sa visite avec le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer, ainsi qu'avec des responsables du Centre national des jeunes agriculteurs et de la Confédération paysanne, s'attardant ensuite dans des stands de producteurs du Gers, de Haute-Normandie et de Gironde.